Enfin, nous organisons un stage !

En 2019, une réflexion avait déjà été menée dans le groupe ICEM-68 autour de l’intérêt d’organiser un stage de 2 jours, sur temps scolaire, en partenariat avec un syndicat.
Puis il y eut la Covid et une certaine démobilisation due pour beaucoup à des fatigues personnelles dans le groupe.
Enfin tout le monde a repris du poil de la bête, nous avons continué nos rencontres périodiques dans le GD 68 et plusieurs d’entre nous se sont rendues à des stages nationaux ou inter-régionaux.
La motivation dans notre travail et notre pédagogie n’a jamais été en cause, mais il nous fallait suffisamment d’élan pour pouvoir nous investir dans un tel projet d’organisation de stage.
Et c’est ainsi que lors de notre forum d’août 2023, nous relancions le projet plus sérieusement avec la venue entre autres de Leila du syndicat Sud.
Une fois la date fixée et les personnes pouvant être présentes s’étant positionnées, nous avons pu nous rencontrer en petit comité pour organiser ces 2 journées.
Une idée importante pour nous était non seulement de présenter la pédagogie Freinet mais également de la faire vivre aux participant.e.s.
C’est ainsi que le lundi 11 février 2024, nous étions 25 inscrit.e.s. à l’auberge de jeunesse de Mulhouse pour deux jours.
Le matériel était prêt, des cahiers des élèves exposés, des recherches affichées, divers documents présentés, fichiers et ouvrages ouverts sur quelques tables.

Lundi 11 février :
Pour ce premier jour, nous étions optimistes et joyeuses, nous faisions confiance au groupe.
Dès le départ, un temps convivial nous a permis de faire connaissance grâce à un jeu de coopération préparé par Coralie.
La pédagogie Freinet a été définie par un petit film dans lequel s’exprime Célestin Freinet puis Florence a présenté succinctement les trois grands piliers de cette pédagogie, la coopération, la communication et l’autonomie des enfants.
Après avoir entendu les attentes des participant.e.s, nous avons très rapidement plongé le groupe dans une situation d’écriture.
Trois amorces d’écriture possibles sur des étiquettes, à piocher.
Trois minutes d’écriture et de silence.
Nous avons écouté avec attention et amusement parfois mais toujours avec respect, les textes lus par chaque volontaire.
Une fois que tout le monde avait bien perçu la satisfaction de lire son propre texte, nous avons pu présenter les différents moyens de valoriser les expressions de nos élèves en classe.
Le plaisir et la fierté de lire son texte devant les autres, l’intérêt à écrire et à corriger, à enrichir, son propre texte par la création d’album, la correspondance, la publication de nos textes libres dans la Gerbe de textes libres, qui peuvent devenir tour à tour, textes de lecture dans le cahier de vie, compte-rendu collectifs de sortie, journal scolaire ou autre chose suivant les projets de classe….
Chacun et chacune des personnes présentes ce jour apportant et enrichissant les différents propos par une expérience, un cahier apporté…

Nous avons ainsi tout naturellement pu parler de l’organisation de la classe pour pouvoir avoir ses temps d’écriture : des plans de travail.
Nous avons ensuite évoqué les temps d’échanges entre enfants pour terminer cette première journée par la présentation des conseils d’élèves dans la classe, leur apport incroyable et ce qu’ils permettent de développer et de susciter lorsqu’une classe s’en empare. Nous vivons ce conseil en cette fin de première journée de stage et plusieurs personnes s’en emparent pour proposer une présentation pour le marché de connaissances du lendemain.

Lorsque nous nous séparons, à l’issue de cette première journée, après avoir évidemment exprimé notre satisfaction pour cette première journée, un constat me saute aux yeux : je suis encore pleine d’énergie le soir alors que je le suis beaucoup moins après une journée de classe, tant nous oublions à quel point que faire classe nous demande de l’énergie !

Mardi 12 février 2024
Le mardi commence évidemment par un « quoi de neuf ? » , nous en profitons également pour élargir le champ des possibles avec nos différentes expériences à ce sujet, comment valoriser les paroles d’élèves, présentations de livres, recherches ou paroles données simplement pour la cohésion du groupe.
Nicolas prend la parole ensuite et nous présente l’expérience de Mons-en-Baroeul menée conjointement depuis 2001 par une équipe d’enseignants très motivée et un groupe de chercheurs autour de Yves Reuter. Nicolas a travaillé plusieurs années dans cette école et a donc su nous parler très concrètement de la réussite des élèves dans ce contexte particulier d’une école complètement vouée à la pédagogie Freinet, ainsi que de l’analyse scientifique des différentes observations menées durant 5 ans sur le travail des enfants, les relations avec les familles, et le quartier.
Les résultats ayant été tels qu’aujourd’hui des collègues de secondaires, (collège et lycée de secteur) poursuivent l’expérience – qui n’en est plus une – avec les anciens élèves de cette REP devenus adolescents.
Nous découvrons et testons une fois encore, la pratique de la création mathématique présentée par Nicolas puis nous échangeons collectivement, autour de ce sur quoi auraient pu déboucher nos créations mathématiques : des recherches mathématiques individuelles.
Le temps défilait et nous avions encore tellement de concepts importants à présenter encore, comme l’étude du milieu par la classe promenade (et son exploitation en classe) ainsi qu’un marché de connaissances qui nous a permis de faire différentes découvertes (la fabrication des petits livrets, l’auto-questionnement d’un document historique, la découverte du théâtre de l’opprimé, la présentation plus poussée d’outils publiés dans le mouvement)
Un regret pourtant dû au manque de temps : il nous a fallu faire un choix et laisser de côté l’expression corporelle, bien à contre-cœur.

A la fin de cette journée, nous laissons aller la parole librement de l’un.e à l’autre comme une météo à la fin de la journée de classe.
Tous les mots exprimés nous montrent une fois de plus l’enthousiasme porté par cette pédagogie qui prône réellement le respect de l’enfant, de sa parole et son travail.

Ce que je retiens de ces 2 jours ?
– Le plaisir de parler d’une pratique de classe
– Le plaisir d’être de ce côté de la pédagogie Freinet avec mes camarades du groupe.
– Le plaisir d’être avec des gens détendus et positifs
– Le plaisir d’entendre des collègues exprimer leurs expériences
– Le plaisir d’être là, et en plus il faisait beau !
Perspectives :
Ce stage aura-t-il renforcé notre groupe ?
En tous les cas, grâce à l’animation collective de ce stage, chacune a osé, s’est sentie en sécurité, a eu la responsabilité d’un aspect du stage, et n’a pas été débordée de travail de préparation. Un vécu très positif de coopération au sein du groupe sur lequel il faudra s’appuyer pour de prochaines expériences !

Hélène Jannopoulo et le groupe d’animation du stage