Le conseil

Le Conseil est la première institution que je mets en place en septembre. Il y a une boîte avec des papiers de couleurs, « je propose », « j’ai un problème », « je félicite » ; et c’est moi qui joue les rôles de présidente et de secrétaire. Je n’emploie pas ces mots-là, je me contente d’utiliser les formules consacrées « je déclare le Conseil ouvert » et « je déclare le Conseil clos ». C’est un début que je compte bien faire évoluer !

Les projets

Cette année, j’ai la chance d’avoir une classe très dynamique et motivée pour tout ce qui concerne les projets et la coopération. Les propositions fusent, tellement que je dois faire un calendrier : non, on ne fera pas en même temps une radio ET un goûter pour toute l’école ET l’invention d’une chanson, il faut les étaler sur plusieurs périodes ! On se lance dedans avec un manque d’expérience certain mais un enthousiasme tout aussi certain, et finalement, ça marche.

Je fouille toute l’école pour trouver un micro sans avoir la moindre idée de comment on l’utilise, pour un projet radio que je n’ai pas choisi et que je n’aurais jamais mis en place s’il n’y avait pas eu ce Conseil. Je finis par trouver le micro, je n’ai aucune expérience en radio scolaire mais je commence à en avoir en projets pédagogiques qui prennent du temps.

On décide en Conseil de quoi parlera notre émission, les sujets sont soumis au vote, les élèves choisissent eux-mêmes leurs groupes, écrivent ensemble, s’entraînent… Je n’ai aucun rôle à jouer dans le processus de décision, je me contente d’aider à organiser la prise de parole, fournir la documentation, et passer des soirées sur le mode d’emploi du micro (heureusement pas si compliqué) et mon logiciel de montage.

Une fois le montage final terminé, on s’applaudit, et moi qui n’étais pas la plus enthousiaste à l’origine, je suis la plus fière ! « On peut applaudir la maîtresse aussi pour le montage ! » lance H. Lors du bilan, N. dit : « je ne sais plus qui a proposé l’idée au Conseil, mais je lui dis merci, parce que j’avais pas du tout envie et j’ai voté contre, mais au final j’ai adoré et j’ai appris plein de choses ! ». Tout le monde est d’accord avec elle, moi la première.

Non, je ne sais toujours pas comment on va faire ce goûter pour toute l’école (plus de 300 élèves) en fin d’année. Mais j’ai confiance, on va trouver !

Le Président et le Secrétaire

Le Conseil évolue au fil du temps : j’introduis un président, élu toutes les deux semaines. C’est d’abord, sans surprise, l’enfant le plus populaire de la classe qui est choisi. Mais la fois d’après, c’est une nouvelle élève, qui a verbalisé avoir du mal à trouver sa place en classe. Je continue à jouer les secrétaires.

Un jour, une collègue a besoin de moi quelques minutes, en plein Conseil. Les élèves continuent sans moi de manière fluide (quoique plus bruyante), et l’une d’elles prend même l’initiative de coller les billets et prendre des notes. Message reçu, je ne ferai plus la secrétaire !

Les problèmes

Depuis qu’on a introduit le message clair, on a très peu de problèmes. Je n’hésite pas à en déposer quand j’en ai. « Les cahiers du jour ne sont pas propres », « les feuilles de plan de travail ne sont pas rendues en même temps que les cahiers du jour alors ça me fait plus de corrections à la fin ».  On en discute tous ensemble et les élèves proposent leurs solutions, qui ne sont pas toujours celles que j’avais imaginées ou souhaitées, mais qui fonctionnent parce que ce sont les leurs et qu’ils sont concernés au premier chef.

Pour les cahiers propres, j’ai failli abandonner : après trois conseils à essayer un affichage, puis des responsables propreté du cahier, rien n’avait changé. J’étais sur le point de prendre des mesures de rétorsion, ayant l’impression d’avoir tout essayé, mais une élève a suggéré une note de soin, réalisée par les élèves eux-mêmes, selon les critères déjà mis en place. Ça a fonctionné. Quant aux plans de travail, l’idée choisie a été de faire un cahier spécialement dévolu. Ça a fonctionné au-delà des espérances, et les élèves l’ont verbalisé : « Mais heureusement que le Conseil est là, c’est tellement mieux maintenant ! Le Conseil nous a sauvé la vie ! ». Je ne peux qu’être d’accord, je suis beaucoup mieux le travail de chacun.

Les questions du Conseil

J’ai des élèves spécialistes des questions hors-sujet, du genre à lever la main en plein cours de maths pour demander comment on sait que Dieu existe ou qui était Napoléon. J’ai donc mis en place, en plus des propositions-problèmes-félicitations, des fiches spécifiques pour les questions, auxquelles je réponds pendant le Conseil.

Plus besoin de m’interrompre en plein cours pour répondre. L’élève peut aussi se concentrer sur ses maths parce qu’il sait que sa question aura une réponse et ne sera pas oubliée. Et j’ai le temps de faire mes recherches : beaucoup de ces questions sont pointues historiquement ou scientifiquement, et c’est difficile d’y répondre sur le vif. Le fonctionnement des code-barres, l’apparition de la vie sur Terre, le volcanisme en Afrique, « comment on sait qu’il y a un noyau et un manteau sous la croûte terrestre alors qu’on n’a jamais été vérifier » ou « est-ce que les autres pays considèrent aussi que la fin des Temps Modernes, c’est la Révolution française ».  Je suis contente d’avoir eu un temps de préparation, et j’ai appris plein de choses !

J’apprends aussi au fur et à mesure des projets, du Conseil, au gré de ce que pensent, ressentent ou vivent mes élèves. J’ai hâte de voir comment tout ça va évoluer !

Juliette Amiot

CE2-CM1 école Kléber